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La file est longue devant le bar Villa Neukölln à Berlin. À quelques pas, dix minutes avant son passage sur scène, Mohammed Abu Hajar fume tranquillement une cigarette sur le trottoir et salue ses amis venus le voir chanter. Ce soir, il présente deux de ses nouveaux morceaux composés avec son groupe, Mazzaj. Il monte sur scène avec un tee-shirt portant l'inscription "Save Alep". La lumière est baissée, le beat commence. Comme toujours, ses textes témoignent des moments douloureux qu'il a vécus en Syrie : « Cette chanson, je l'ai écrite lorsque j'étais en prison Â» annonce-t-il avant de commencer à chanter.

Mohammed Abu Hajar, un rap pour la cause syrienne

Les rimes, accordées à la guitare orientale, transportent le public qui chante aux côtés de Mohammed. Quelques poings se lèvent en signe de protestation lorsqu'il évoque les bombes qui détruisent encore aujourd'hui la Syrie. 

 

« La musique est un outil pour changer la mentalité des gens Â»

 

A 29 ans, Mohammed est l’un des pionniers de la scène rap syrienne. Il a fui son pays pour s'installer à Berlin, des thèmes qui reviennent souvent dans ses chansons. Dans ses textes, son rap et son activisme sont intimement liés : « Je ne peux pas vraiment trouver de différence entre Mohammed le rappeur et Mohammed l’activiste politique. Je suis un peu les deux à la fois, les deux personnalités se confondent Â», explique-t-il. Même loin de son pays aujourd’hui, il tient à sensibiliser les gens à travers ses textes engagés.

L’inspiration, il la trouve facilement : « en Syrie, nous avons une vieille tradition où nous faisons des poèmes en face à face, un peu comme des "battles" de rap, mais sur de la musique orientale. Je me suis toujours amusé à faire ça avec ma famille, mes amis. Ça m’a entrainé à avoir beaucoup de rimes dans la tête Â». La plus belle récompense, c'est sans doute ces personnes qui viennent lui parler à la fin de ses concerts, lui dire que ses musiques les font réfléchir. Â« Je pense que la musique est un outil pour changer la mentalité des gens. Quand ils écoutent des paroles, accordées à un "beat", ils intéragissent plus que s'ils l’entendaient de la voix d’un politicien qui critique la même chose ». 

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